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Un accouchement à l'hôpital

Ellen Cobb-Friesen a été ma première cliente et l’expérience d’être sa doula était très spéciale pour moi puisqu’elle et son conjoint comptent parmis mes amis les plus chers. Moins d’un mois après qu’ils m’aient demandé d’être leur doula, je suis tombée enceinte et j’étais très excitée de pouvoir partager cette aventure avec elle. Quand est venu le grand jour, j’étais 34 semaines enceinte et j’étais déterminée à leur donner toute mon attention et mon énergie entière. Grâce à l’entrevue que j’ai menée avec elle, vous allez en apprendre sur son accouchement qui a été très éprouvant et long (merci Ellen de partager ton histoire avec tout le monde) et ses opinions sur son expérience à l’hôpital de Saint-Boniface.

Comment as-tu pris la décision de donner naissance à l’hôpital?

Il était important pour moi d’avoir l’option de prendre des médicaments de douleur à cause de ce que je savais de mon historique familial, ma mère et ma grand-mère ont eu des accouchements longs et difficiles. J’étais, et je le suis encore, intéressée à d’autres options comme le centre de naissance mais je savais que c’est plus difficile d’avoir accès à des médicaments plus forts et ça me rendait anxieuse. Je me suis alors rendu compte que je me sentais plus à l’aise de donner naissance à l’hôpital.

Qu’as-tu fait pour te préparer pour ton accouchement?

J’ai lu beaucoup sur le sujet. Mon livre préféré était Birthing From Within. Dans plusieurs lectures que j’ai faites, les accouchements dans les hôpitaux n’étaient pas représentés de manière positive et ça m’a déçue énormément et m’a un peu fait peur. Je crois que cela s’explique par le fait que les livres que j’ai lus ont été écrits par des Américains et j’ai cru comprendre qu’il y a des taux beaucoup plus élevés d’interventions dans leur système médical que dans le nôtre. J’ai parlé à des amis et des membres de ma famille à propos de leurs expériences et j’ai entendu tellement d’histoires positives au sujet des hôpitaux de Winnipeg. Je crois qu’il est important d’être critique envers les opinions des gens qui sont bien ancrés dans leurs expériences particulières et qui ne sont pas ouverts à d’autres possibilités.

Nous avons eu quelques rencontres avec notre doula pour parler de ce que mon accouchement pourrait avoir l’air. Ça nous a particulièrement aidés d’apprendre à propos de toutes les techniques de gestion de douleur et les différentes positions pour le travail et l’accouchement. Nous avons suivi un cours prénatal offert par l’entremise du Women’s Health Clinic au Centre de Naissance ici à Winnipeg. Ce cours nous a également beaucoup aidés. Et une fois la date estimée de naissance dépassée, j’ai eu des traitements d’acupuncture pour aider mon corps à déclencher le travail naturellement.

Peux-tu nous parler de ton accouchement?

Mon travail a été long! Je me suis levée à 5h du matin un dimanche avec des contractions. À 7h j’ai réveillé mon conjoint pour lui dire que ça avait commencé mais que ce n’était pas encore très intense. Nous avons essayé de dormir davantage mais c’était difficile parce que je commençais à être emballée. Aux alentours de 10h nous avons demandé à notre doula de se rendre chez nous. On a discuté du moment où on irait à l'hôpital parce qu’on croyait que mon pré-travail allait être long (antécédents familiaux!), mais je vomissais un peu et ça me rendait anxieuse. Alors nous avons décidé d’y aller. Comme je n’étais pas beaucoup dilatée, on nous a retourné chez nous pendant quelques heures. Je pensais que je serais déçue de me faire renvoyer chez moi, et je l’étais un peu, mais c'était aussi agréable de pouvoir tout remettre à zéro. De plus, nous habitons près de l’hôpital donc ce n’était pas trop embêtant!

De retour chez nous, je me suis reposée dans le bain jusqu’à ce que mes contractions commencent à être plus douloureuses et je croyais qu’il était temps de retourner à l'hôpital. Ils ont encore une fois vérifié ma dilatation, et je n’étais encore qu’à 2 cm. C’était frustrant. J’ai pu avoir de la morphine pour ma douleur afin de pouvoir me reposer. J’ai marché autour de l'hôpital et on m’a fait des compressions des hanches. J’ai apprécié les compressions car elles ont rendu mes contractions supportables. Vers 17 h, je n’avais progressée que de 1 cm seulement. Étant dilatée qu’à 3 cm, ils envisageaient me retourner à la maison. Cependant, puisque j’étais déjà 10 jours en retard, ils m’ont offert de prendre des drogues pour précipiter l'accouchement. J’ai accepté puisque j’étais en douleur et je voulais en finir plus rapidement.

À 22 h, nous avons finalement été transférés du triage vers une chambre d’accouchement. J’ai eu accès à un ballon d’exercice et on a continué les compressions. Ma doula a aussi installé un diffuseur avec de l'huile essentielle de menthe. Je croyais d’abord vouloir écouter de la musique, mais finalement je préférais le bruit ambiant de l’hôpital. J’ai aussi demandé une épidurale après le transfert. Malheureusement, après trois essais manqués, ils ont préféré laisser faire. Ils m’ont cependant administré des analgésiques plus performants et j’en étais reconnaissante. On a aussi poursuivi les compressions. Vers 1 h du matin, on a vérifié ma dilatation et j’étais maintenant à 7 cm. Ça m’a donné espoir d’enfin rencontrer mon bébé.

Bien sûr, avec un accouchement comme avec la vie en général, on ne peut pas prédire ce qui va arriver. Quand j’étais finalement à 10 cm, quelques heures plus tard, j’ai essayé de pousser. Au total, j’ai poussé environ deux heures, mais mon bébé ne descendait pas vraiment. À 7 h, j’avais abandonné de pousser. C’était aussi l’heure du changement de quart de travail pour le personnel. Un nouvel anesthésiste pouvait essayer de m'administrer l’épidurale et celui-ci a réussi après deux essais.

J’ai pu dormir jusqu’à environ midi. Ensuite, nous avons eu une discussion avec le docteur et les infirmières au sujet des prochaines étapes. Puisqu’il n’y avait presque pas eu de progrès après une si longue période, nous envisagions une césarienne. J’étais déçue mais pas surprise. J’étais ouverte à cette éventualité car je ne pouvais m’imaginer avoir encore à pousser. Puisque j’étais accompagnée d’un médecin de famille, on m’a alors référée à l’obstétricien de l'hôpital pour la chirurgie. Quand il m’a rencontrée, il voulait d’abord évaluer ma force musculaire. Il était gentil et drôle et apporta une énergie nouvelle dont on avait bien besoin dans la salle. Il a déterminé que je devrais essayer encore de pousser, et que l’accouchement vaginal était encore possible. Nous y voilà encore! Avec l’aide d’une ventouse obstétricale, j’ai réussi à accoucher de ma précieuse fille à 14 h 46, 34 heures après m’être réveillée avec ma première contraction. Ma fille a immédiatement été placée sur ma poitrine et elle s’est blottie contre moi pour un long câlin.

Qu’as-tu préféré de ton accouchement?

J’ai aimé être mentalement préparée à être ouverte et flexible. Si j’avais eu un plan très rigoureux sur la façon que je voulais donner naissance ça aurait probablement été très difficile d’accepter tous les changements. Au tout début de ma grossesse je rêvais d’une naissance complètement naturelle (sans médicament) mais avec le temps j’ai changé d’avis. Je voulais à tout prix éviter une césarienne. Et à la fin de ma grossesse mon but ultime était d’avoir un bébé en santé dans mes bras, peu importe les interventions nécessaires.

Que changerais-tu à propos de ton accouchement?

Parmis les choses sur lesquelles j’avais le contrôle, je ne peux pas penser à rien. J’apporterais probablement plus de t-shirts dans ma valise pour les jours passés à l’hôpital après la naissance de mon bébé.

Est-ce que tu peux parler de l’équipe qui était présente pour vous?

J’avais un soutien incroyable de la part de mon conjoint et notre doula tout au long du travail. Je sais que j’aurais pu le faire seule mais je suis tellement contente de ne pas l’avoir fait sans eux. Ils ont passé plusieurs heures à faire des compressions des hanches, m’ont apporté des goûters et des breuvages et m’ont aidé à rester positive même durant les contractions les plus douloureuses. Puisqu’ils travaillaient ensemble, ils pouvaient s’assurer que je reçoive un support émotionnel continu.

Nous avons aussi travaillé avec plusieurs infirmières et docteurs durant notre temps à l’hôpital et ils étaient tous amicales et sympathiques et ils m'expliquaient chaque procédure en s’assurant que je comprenne au fur et à mesure.

Quel sorte de soutien post partum as-tu reçu des membres de l’équipe médicale?

J’ai eu la chance d’avoir beaucoup d’aide avec l’allaitement et j’en suis très reconnaissante. À chaque changement de quart de travail, je recevais des nouveaux petits bouts d’information qui m’ont permis d’avoir une bonne expérience d’allaitement dès le départ. J’ai eu un rétablissement difficile après l’accouchement et une infirmière a pu rester avec nous pour plusieurs heures avant que je sois transférée dans l’aile de convalescence. Nous étions à l’hôpital de Saint-Boniface, un hôpital d’enseignement, ce qui voulait dire que nous avons eu une étudiante qui devait nous expliquer en détail ce qui se passait et j’ai adoré! J’ai eu le plus d’informations possible pour pouvoir comprendre ce qui se passe.

Est-ce que tu prendrais toujours la même décision de donner naissance dans un hôpital aujourd’hui?

J’ai eu une bonne expérience et je planifie choisir l’hôpital pour ma prochaine naissance.