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Une histoire de fécondation in vitro (FIV)

Saviez-vous qu'un couple sur six souffre d'infertilité ? La FIV (fécondation in vitro) est une option que beaucoup de ces couples choisissent. À Winnipeg, l'accès aux traitements de FIV n'est offert que par l'entremise d'une seule clinique de fertilité en ville et il y a souvent une liste d'attente. Les gens qui m'ont parlé des traitements de fertilité (y compris ma propre expérience) m'ont dit combien il était difficile de trouver les réponses à leurs questions et de commencer le processus. Avec ce genre de statistiques (1 sur 6), je crois fermement que nous devrions avoir une meilleure compréhension des options qui s'offrent à nous.

J'ai interviewé une généreuse Winnipegoise qui est passée à travers toutes ces étapes ; bien que son parcours n'ait pas commencé par l'infertilité, elle explique son expérience avec la FIV. Continuez à lire son histoire qu'elle raconte avec beaucoup de passion !

Tout d'abord, merci d'avoir parlé de ton expérience. Nous savons maintenant que beaucoup de femmes et de couples passent par la FIV chaque année et pour certaines d'entre elles, c'est difficile d'en parler. Comment expliquez-vous cela ?

Parler de fertilité signifie inévitablement parler de choses lourdes - l'intimité, les relations, le pouvoir, l'argent, notre avenir - de sorte que beaucoup d'entre nous préfèrent passer une heure à parler à une compagnie de téléphone cellulaire. C'est dur d'être aussi vulnérable avec les gens. C'est dur d'être aussi honnête avec soi-même. Par exemple, il m'a fallu environ sept mois pour répondre à ces questions. En fait, j'aime beaucoup parler de la FIV, mais il est effrayant de le mettre par écrit. Parfois, j'en parle aux gens et ils semblent mal à l'aise, mais la plupart du temps, les gens s'y intéressent et me montrent leur soutien. Certains d'entre eux ont même partagé avec moi leur propre expérience avec la FIV, ce que j'ai toujours trouvé utile.

Pouvez-vous expliquer rapidement les étapes à suivre pour un cycle complet de FIV ? Et habituellement combien de temps ça prend ?

Dans notre cas, le processus a commencé par la vérification de l'ovulation en urinant sur un bâtonnet ; pour s'assurer que l'urine est suffisamment concentrée, on m'a demandé de ne pas aller aux toilettes pendant 4 heures avant et d'éviter de boire beaucoup de liquide. Donc, tous les jours à midi, je me dandinais jusqu'à la salle de bain, je faisais pipi sur le bâtonnet-test, je me demandais si j'avais bien fait les choses, je réglais un minuteur pendant trois minutes, puis je vérifiais si j'avais ovulé ou non. Finalement, quand le bâton a dit que j'avais ovulé, j'appelais et je laissais un message sur la "ligne d'aide des règles" (ce qui rendait l'ovulation plutôt excitante), et ils me rappelaient en me disant spécifiquement quand commencer à prendre les médicaments, et quand me rendre à Calgary. L'idée est d'utiliser des médicaments pour essayer de produire autant d'ovules que possible et de les faire maturer à peu près au même moment. De cette façon, on peut maximiser les chances de produire des embryons suffisamment sains pour survivre, en choisir quelques-uns pour se faire féconder et congeler les autres pour que les grossesses futures soient possibles sans avoir à refaire tout le processus. Ainsi, j'ai appris à m'injecter des hormones tous les jours à des moments précis de la journée. Pendant la période la plus active, je me rendais à la clinique de fertilité tous les deux ou trois jours pour faire vérifier mon taux d'œstrogène (par une prise de sang) et une échographie pour compter les follicules (la structure qui abrite les œufs en maturation) et les mesurer. Quand les follicules ont atteint une certaine taille, j'ai dû faire un rendez-vous pour les retirer. Le gynécologue prélève les ovules à l'aide d'une aiguille (sous sédation) pendant que mon conjoint a prélevé un échantillon de ses spermatozoïdes. Un technologue a prélevé un seul spermatozoïde dans une aiguille et l'a injecté dans l'ovule. Ensuite, l'embryologiste nous a tenues au courant en nous téléphonant tous les jours pour nous informer du nombre d'embryons que nous avions, de la façon dont ils se développaient et pour nous dire quand il nous recommandait de réinsérer un des embryons dans mon utérus. Le transfert d'embryon n'a pas été douloureux et s'effectue très rapidement - ils nous ont même donné une photo (prise au microscope) de notre embryon. Puis nous avons attendu quelques semaines pour faire un test de grossesse (par une prise de sang) en essayant de gérer notre anxiété entre-temps.

Existe-t-il de l'appui émotionnel pour les personnes qui subissent une FIV ? En avez-vous reçu ?

Nous avons eu une FIV au Regional Fertility Program à Calgary. Le personnel a été très clair dès le début que nous pouvions les appeler n'importe quand pour toute question, ce qui était très utile et rassurant. Leur programme inclut aussi un psychologue et ils recommandent à tous leurs clients de le voir. Le personnel est très ouvert sur le fait que le processus peut être stressant et difficile pour les patients et les couples et qu'il peut être utile de consulter un psychologue. Il y a aussi une première séance d'information au cours de laquelle on discute ouvertement de la possibilité d'échouer, y compris les possibilités de réessayer, d'adopter ou de mener une vie épanouie en l'absence d'enfants.

Quel type de soutien auriez-vous aimé recevoir ?

J'aurais aimé que les ressources de Winnipeg appuient mon désir initial de consulter au sujet de la cryoconservation des ovocytes (congélation des ovules), ce que j'ai fait avant de faire une FIV. À l'époque, j'étais célibataire et j'avais 35 ans et même si je voulais des enfants, je n'étais pas prête à essayer d'avoir des enfants toute seule en utilisant du sperme donné, alors j'ai regardé l'option de congeler mes ovules. Ils basaient leur refus sur le fait que "si vous songez à avoir un bébé, vous devriez être prête à en avoir un seule", ce qui m'a fait me sentir jugée et blessée. De plus, après avoir eu la chance de rencontrer mon conjoint, nous n'avons pas eu d'autre choix que de continuer les interventions à Calgary car mes ovules étaient congelés là et Winnipeg n'acceptait pas de transfert. Bien que nous avons été très satisfaits de notre expérience à Calgary, nous avons dû faire face à des frais de déplacement supplémentaires et à des périodes d'absence au travail prolongées.

Qu'avez-vous trouvé le plus difficile dans toute cette expérience ?

Simplement de débuter le processus. Le premier appel téléphonique, les premières étapes, les premières questions à poser. D'arrêter de laisser la chance s'occuper de mon sort et demander de l'aide. J'ai trouvé cela très difficile.

Que voudriez-vous dire aux femmes ou aux couples qui envisagent ou commencent un traitement de FIV ?

Appelez-moi. Parler de la FIV peut même être amusant. Vous n'avez pas à vivre ça tout seul.